Morondava : Des centaines d’actes de naissance non récupérés, les enfants en danger administratif

Malina Admin . Administrateur
Publiée le 30/4/2025
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À Morondava, les tiroirs du bureau de l’ état-civil débordent. Depuis 2023, plus de 200 copies originales d’actes de naissance restent abandonnées, jamais récupérées par les parents. Et ce chiffre ne tient même pas compte des années précédentes (2020, 2021, 2022), pour lesquelles aucune vérification officielle n’a encore été faite. Un constat alarmant qui soulève des questions de fond sur la gestion des documents officiels, la sensibilisation des citoyens, et les risques de fraude identitaire.

 

Un phénomène récurrent, une négligence inquiétante

« La majorité des parents viennent bien déclarer la naissance de leurs enfants », confirme Julien Ratolojanahary, secrétaire de l’état-civil de la Commune Urbaine de Morondava. « Mais très peu reviennent chercher l’acte à la date convenue. ». Résultat : des piles de documents s’accumulent dans un bureau déjà saturé. Depuis janvier 2025, 500 naissances ont été enregistrées. Pourtant, 80 actes restent à ce jour non réclamés. Une tendance qui ne fait que s’aggraver avec les années.

 

Double identité : un risque bien réel

Ce laxisme administratif pourrait sembler bénin. Il ne l’est pas. En laissant dormir ces documents dans les bureaux communaux, les familles exposent leurs enfants à des situations administratives précaires. En cas de perte de preuve d’enregistrement ou de demande tardive de jugement supplétif, le risque de double identité devient bien réel. Pire encore, certaines familles ignorent que l’acte est déjà établi. Par peur ou par méconnaissance, elles attendent que des campagnes de régularisation soient organisées via les fokontany. Pendant ce temps, les documents restent coincés dans les limbes de l’administration.

 

Des solutions simples mais ignorées

Face à cette situation, l’administration locale peine à suivre. Aucun système d’alerte, aucune stratégie de communication efficace n’a été mis en place. Une solution aussi basique que l’affichage des noms des enfants (par numéro de registre) pourrait suffire à alerter les parents concernés. Mais cette démarche reste absente. Par ailleurs, le manque d’espace et l’absence de plan de gestion des archives fragilisent encore davantage la situation. Des documents cruciaux pourraient être endommagés, perdus, ou mal classés.

 

Une urgence silencieuse

Derrière cette affaire administrative se cache une urgence silencieuse : celle du droit à l’identité, premier pilier de l’accès à la citoyenneté. Car sans acte de naissance, un enfant reste invisible aux yeux de l’État. Pas d’école, pas de carte nationale, pas de droit civique. Il est temps que les autorités locales prennent la mesure de cette problématique, et que les citoyens soient mieux informés sur l’importance de ce simple bout de papier, fondement de toute vie administrative.